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  • Les mines de Palairac

    Un passé minier quasiment inconnu



    Les mines de Palairac et des environs furent l'objet de conflits entre les seigneurs de Termes et l'Abbaye de Lagrasse au Moyen-âge (pour en savoir plus  Historique ). Le 18 août 1283, le Roi de France et le Roi de Majorque sont venus signer un traité à Palairac concernant la baronnie de Montpellier, alors que la veille ils signaient un autre traité à Carcassonne, pour être à Toulouse trois jours plus tard... Il se peut que la véritable raison de ce déplacement à Palairac soit la visite des mines et leur future cession au Roi de Majorque ou encore un "paiement en nature", comme contrepartie de la part de Philippe le Hardi (pour en savoir plus analyse des traités ).


    carte
    La commune de Palairac est entourée des communes de Villerouge-Termenès, Félines-Termenès, Davejean, Maisons, Tuchan, Quintillan, Talairan. Au Nord se trouve le Plateau de Lacamp (500 m), nommé sur Palairac le Prat de Labat (le pré de l'Abbé), au Sud les contreforts de la Montagne de Tauch (Mont Tauch), culminant sur Tuchan à 917 m et possédant une "tour des Géographes" ayant servi au calcul du la Méridienne de France.

    Palairac se trouve au centre de la plus importante région minière des Corbières. Le plateau de Lacamp et le Monthaut étaient les sites majeurs de cette zone. Les ingénieurs du XIXème ont recensé près de 300 lieux d'extraction uniquement sur Palairac.
    L'essentiel de ses mines se trouve en deux zones limitrophes des communes voisines :
    Peyrecouverte regroupe plusieurs concessions ou sites d'extractions :
    Le Monthaut est une colline culminant à 599 m indiquée improprement Montauch sur les cartes IGN.

    Seront présentés dans un premier temps les sites de Peyrecouverte. L'endroit était aussi appelé autrefois "Le Mont d'Or". On a pu extraire une certaine quantité d'or des sites de La Bousole et de l'Aiguille, considérées par tradition comme mines d'or. En effet, des échantillons entre le début XIXème et 1963 ont donné des teneurs variant de 0,04 g/t jusqu'à 32 g/t sur minerais bruts. Pour info le taux moyen de la mine de Salsigne était autour de 8 g/t. La Canal, aussi considérée comme mine d'or, semble en avoir fourni, elle, des quantités infimes.

    Les mines de la Bousole, l'Aiguille et La Canal (Peyrecouverte)

    La Bousole

    bousole La mine de la Bousole se trouve non loin du col de la Bousole, à peu près à mi-chemin entre les cols de Ferréol et de Couisse (panneau situé au col, mais encore une fois l'orthographe exacte est col de Couize ou Couise : nom de la ferme située juste sous le col) en débordant sur Maisons.
    Composé essentiellement d'Antimoine et de Plomb avec un peu d'Argent et d'Or, le minerai (Zinkénite et Stibine) a fait l'objet d'exploitation assez importante entre le début du XIXème et la deuxième Guerre Mondiale.
    Les travaux plus anciens, à l'existence probable, ne sont plus connus (sauf la fin XVIIIème). Vers 1839 on installa sur le carreau de la mine des bâtiments comportant notamment un atelier de prétraitement du minerai : en effet la séparation de l'antimoine et du plomb n'était pas facile et un procédé spécial avait été créé.
    Le produit prétraité était acheminé par mulets et charrettes jusqu'à Carcassonne où Paliopy (un des concessionnaires) terminait le traitement.
    Plus tard, en 1939, Roger Hyvert fit de même en installant une usine de traitement de l'antimoine venant de la Bousole et Las Corbos (à 1500 m dans Maisons) à quelques pas sur le carreau de la mine de La Canal (voir plus loin).
    L'antimoine a la particularité, comme l'eau, de se dilater en se solidifiant. On l'utilisait jadis notamment pour faire les caractères d'imprimerie.
    En 1982, au terme de la concession de Mr Hyvert et lors de la création de l'adduction d'eau du village de Palairac depuis la mine de La Canal, tous les travaux miniers ont été mis en sécurité : comblement des galeries et des puits, démolitions des bâtiments, ...
    Le puit de la bousole, comblé en 1982, réapparait aujourd'hui par tassement des remblais.

    L'Aiguille

    Travers-banc aiguilleUn peu plus loin en descendant vers Lacanal, se trouve la petite mine de l'Aiguille. Mine de Plomb Argentifère (Galène argentifère) elle est l'exemple-type de travaux miniers couramment réalisés : un puit vertical, un travers-banc (galerie horizontale rejoignant la base du site d'extraction permettant de sortir le minerais par wagonnets), galeries descendantes suivant le filon, aujourd'hui noyées en permanence, mais où les bois d'étaiement sont encore bien conservés. Les mêmes intervenants que pour la Bousole ont cité cette mine sans toutefois y faire de réelle nouvelle extraction. L'exploitation est donc plus ancienne, remontant peut-être au XVIIème sous Colbert ou encore au Moyen-âge. On distingue toutefois des traces de percement à la poudre (donc relativement récentes).
    En 1982, suite aux travaux de mise en sécurité consécutifs à la création de l'adduction d'eau de La Canal, le puit vertical a été bouché par une dalle en béton et la galerie de travers-banc comblée par un talus de terre. Affaissé, ce talus présentait aujourd'hui un danger, il a été enlevé et remplacé par une grille.

    Puit noyéPuit vertical

    La Canal

    Galerie La CanalEn suivant le chemin allant du col de la Bousole à la mine de l'Aiguille, on aboutit, en fond de vallée à la mine de La Canal ou mine de Couize. C'était la plus importante mine de cuivre et plomb argentifère des Corbières. Son exploitation a commencé à l'antiquité et s'est poursuivie à diverses époques. La mine proprement dite se trouve en réalité sous le col de Couise et peut avoir débuté au col même, à l'Abeilla ou au Monthaut. Ce que l'on voit au bout du chemin précité est la galerie de travers-banc, la galerie d'exhaure de la mine qui permet d'évacuer l'eau s'y trouvant. Le nom La Canal (ou Lacanal) provient d'un canal situé sur le côté droit quand on entre dans la galerie. De section rectangulaire et de dimension environ 30 cm x 50 cm à la sortie, il était jadis recouvert de pierres. Le fort débit d'eau, origine du ruisseau de La Canal qui coule vers Maisons, a incité la commune de Palairac en 1982 à capter cette eau, dans la galerie, pour la pomper vers le village. Ces dernières années, conséquence de la sécheresse qui sévit de plus en plus, le débit a nettement baissé... Le coeur de la mine n'est plus connu depuis longtemps : César d'Arçons (XVIIéme) n'a pas réussi à déboucher l'effondrement au fond de la galerie qui mène vers les travaux supérieurs de la mine (ses successeurs non plus). Par contre la galerie d'exhaure, fermée par une grille, est très bien conservée : de section environ 1,8 m sur 1,8 m elle est rectiligne sur une grande partie de sa longueur : quelques S se développent avant d'arriver au captage qui se trouve à plus de 230 m de l'entrée de la galerie.
    entreeConsidérée depuis très longtemps comme mine d'argent (3000 à 4000 g/T) l'exploitation initiale remonte probablement à l'époque romaine. L'ingénieur Esparseil, les années 1920, rapporte qu'il a trouvé plusieurs fragments d'amphores sur le site. Selon les auteurs, le percement de la galerie est attribué aux romains ou aux maures. Diverses installations se trouvaient à la sortie de la galerie : installations hydrauliques pour actionner des meules, fours, etc. César d'Arçons, missionné par Colbert pour l'exploitation des Mines du Languedoc, avait installé dans les environs une petite installation de réduction des minerais provenant de Peyrecouverte, Lacanal et Davejean. La logique voudrait que ce soit ici (position géographique et ressource en eau).
    Bien plus tard (1939) une petite usine de traitement des minerais antimonieux de Las Corbos (Maisons) et la Bousole a été installée au même endroit. Il n'en subsiste pas grand'chose : quelques piliers de soutènement et la cabine d'EDF. Un decauville de 1500 m aurait dû permettre d'amener le minerai de Las Corbos au site de traitement, mais tous les travaux, même ceux que nous verrons pour la concession de la Caune des Causses, ont été abandonnés pendant la deuxième guerre mondiale.

    Au XVIIème Siècle César d'Arçon décrit une mine de plomb argentifère qu'il dit être sur le territoire de Davejean. Personne n'en est sûr, mais c'est possible. Il se peut aussi que ce soit l'Aiguille. En effet, il décrit les mines de plomb argentifère de Couize en les situant correctement : "... à Paleyrac, où les grands travaux qu'on y a fait autrefois dans vn long valon nommé le champ des mines ...", mais en précisant : "...où Monfieur de Davejan à qui le fond en appartient ...". Mahul (Cartulaire et archives des communes de l'ancien diocèse et de l'arrondissement administratif de Carcassonne, 1859) rapporte, lui, à son chapitre sur Davejean ces deux descriptions de d'Arçons, en disant qu'elles appartiennent toutes deux à Davejean. C'est très inexact, tout au moins pour la seconde. Couize, donc les mines d'argent associées, La Canal, l'Aiguille, etc. a toujours été sur le territoire de Palairac (arrière-fief de celui-ci). Toutefois, du temps de César d'Arçon, qui l'avait bien compris, la Seigneurie de Couize était tenue par la famille de Barre, de Davejean, anoblie par Louis XIV en 1686 (Jean-François de Barre, chevalier de l'Ordre de Saint Lazare), qui l'avait achetée à l'Abbaye de Lagrasse 1ère moitié du XVIIème. André II de Barre était donc propriétaire du terrain de la mine. Mahul aurait dû consulter le cadastre de 1825 pour se rendre compte de son erreur, peu pardonable pour un élu du Département.
    Idem pour La Bousole que certains voient à Maisons : en limite certes, elle se trouve bien sur Palairac, le puit et la descenderie notamment. Plus grave, d'autres, rédacteurs à la SESA notamment, situent aussi l'Aiguille ou La Canal sur Maisons, ou encore le Monthaut sur Villerouge (!) : une simple consultation d'une carte IGN ou du cadastre permet d'éviter ce genre d'erreurs. Mais il est vrai que quelques installations de 1839 de la Bousole pouvaient être sur Maisons (la halde principale et peut-être l'entrée du travers-banc). La mine doit donc être considérée comme appartenant aux deux communes (la concession de la Bousole occupait 37 Ha répartis sur les deux communes). Il en est ainsi de toutes les mines limitrophes (la Caune des Causses, par ex, servait de limite de séparation entre Palairac, Félines et Davejean). Au moyen-âge la seigneurie minière du Termenes, basée à Palairac, regroupait , outre Palairac, les sites miniers de plusieurs villages voisins. Rendons donc à Palairac la place qui lui appartient ...

    Deux ou trois petites particularités sont attachées à la galerie de Lacanal :

    Les anciens du village rapportaient une légende à propos de la galerie. Dans les années 1660, Louis XIV serait venu visiter la mine de Lacanal. Il serait rentré dans la galerie à cheval jusqu'à un lac souterrain (endroit où la galerie descend et est noyée) où il aurait jeté une pièce d'or. Il aurait ensuite visité le village et, pour remercier les habitants de leur hospitalité et faire pardonner les dégâts causés en 1655 par son armée de passage à Palairac, il aurait offert le mobilier de l'église Saint Saturnin.

    Les mines de la Caune des Causses - Monthaut et l'Abeilla (Peyrecouverte)

    barrenc Les mines qui ont fait la force de Palairac sont les mines de fer. C'est pourquoi sa devise est "Ferrum Fortiam Fecit". Les principales mines de fer sont celles de la concession de Serremijanes et Las Coupes sur le plateau de Lacamp, et celles de la concession de la Caune des Causses et du Monthaut. Cette dernière, toujours située dans la région dite Peyrecouverte, représente probablement le site minier le plus important des Corbières. Il est situé essentiellement sur la colline du Monthaut. La Caune des Causses est une mine située un peu plus au Nord qui sert depuis très longtemps comme limite de séparation entre Davejean, Félines et Palairac. Le Monthaut comptait pas moins de 71 zones d'extraction de minerai. Contrairement à l'exploitation du fer ou de différents minéraux connexes, une importante quantité de Barytine n'a pas fait l'objet d'extraction et se retrouve dans les haldes. En 1982 un essai d'exploitation de cette barytine s'est soldé par un échec.
    L'essentiel des travaux consistent en d'énormes barrencs (ravins) pouvant dépasser les 50 m de profondeur (c-à-d des exploitations à ciel ouvert). On trouve aussi bien souvent, pour continuer l'exploitation, certaines recherches sous forme de galeries ou descenderies.
    hematitefondL'exploitation première remonte encore à l'époque romaine. A Maisons et Davejean (caraillet) ou encore à Laferrière à Palairac se trouvaient les fonderies pour extraire le métal. Diverses périodes d'exploitation se sont succédées au cours du temps : moyen-âge, XVIIIème, XIXème, XXème. La construction du chemin de fer (1901) de Lézignan-Corbières à Mouthoumet a pu relancer l'exploitation à partir de 1919. Un "chemin de fer" aérien fut créé qui reliait par câble et godets le site minier à la gare ferroviaire de Félines-Termenès. Les installations (terminal, divers bâtiments, etc.) sont encore visibles au pied du Monthaut. Un système incliné permettait d'acheminer le minerai depuis le sommet du Monthaut à ce terminal. 4 chemins horizontaux conduisaient par wagonnets à ce collecteur en pente forte. La guerre 40-45 a fini par tout arrêter.

    Perdu dans la végétation, le site est particulièrement dangereux (ravins, puits, galeries,...)

    Caune
    la Caune des Causses vue depuis l'intérieur - Cette cavité est très spectaculaire - Vue3D

    Enfin, pour terminer cette présentation des mines de Peyrecouverte, un mot du site de l'Abeilla. Il est situé au pied du Monthaut. Quelques vestiges de départ de cavités sont encore accessibles. L'exploitation y fut très ancienne (Cu, Pb, Ag) : Gauthier Langlois (voir Bibliographie ), dans le cadre de sa thèse de Maîtrise sur les Mines des Corbières en 1986, a retrouvé des fragments d'amphores de type Dressel 1A donnant une datation du 1er siècle avant JC. Une cavité d'exploitation très ancienne, ressemblant à un véritable gruyère, recèle une quantité importante de ces fragments d'amphores. Le site de l'Abeilla communique peut-être avec celui de Lacanal et en aurait constitué un des départs. Contrairement aux sites précédents celui-ci a surtout été exploité dans le passé et pas à une époque récente. Les anciens y recherchaient certainement surtout l'Argent. Elle devait aussi faire partie des mines convoitées au Moyen-âge par les Seigneurs de Termes et l'Abbaye de Lagrasse.
    Des études en cours (2010) vont peut-être montrer que les métaux transformés et écoulés par les Gaulois dans les ports méditéranéens au profit des bateaux Grecs ou Romains, venaient notamment d'ici ou tout au moins de cette région des Corbières...

    Les mines du plateau de Lacamp : concession Serremijanes et Las Coupes

    plateau En partant du village et en se dirigeant vers Quintillan, à 1 km on arrive au col de la Gineste. Un chemin à gauche permet d'accéder au plateau. Il contourne le pech de la Calvière, passe par le col de La Croix de Pierre, le col d'en Couloum, et arrive au col de l'Homme Mort. Le plateau, situé à environ 550 m d'altitude, s'étend sur trois communes (Palairac, Villerouge et Talairan) et se développe entre deux monts un peu plus élevés, le Roc de Golta (622 m, Villerouge) et le pech de Guillaumet (630 m, Palairac). La partie du plateau se trouvant sur Palairac s'appelle le Prat de Labat ou le Pré de l'Abbé, en souvenir des champs qui y étaient cultivés jadis pour l'Abbaye de Lagrasse. La concession de Serremijanes et Las Coupes se situe essentiellement sur Palairac et Villerouge. Elle a été instituée par ordonnance royale le 10 janvier 1821 au profit de Mr Gary. En 1913 elle fut réunie à d'autres concessions voisines et cédée à la Société des Mines de Villerouge et d'Albas. Devenue orpheline, la concession a fait l'objet de travaux de mise en sécurité en 2001. Le minerai riche en fer (45 à 50%) se présentait sous forme de carbonate ou d'hydroxyde. La plus importante période d'extraction s'est faite avant 1855, époque de la disparition des forges catalanes. Ultérieurement quelques essais de reprises ou quelques travaux de recherche ont été tentés, mais sans grand résultat. Ici aussi l'exploitation initiale remonte à la période gallo-romaine.
    mur
     On comptait pas moins d'une soixantaine de sites d'extraction dans le périmètre (170 Ha) de la concession. La plupart du temps à ciel ouvert, certains sites consistaient en des cavités de type karstiques peu profondes, véritables grottes naturelles remplies de minerai. On comptait aussi quelques travaux sous forme de galerie d'époque plus récente. 90 % des sites ont subi la mise en sécurité. Elle consiste, malheureusement, en la destruction pure et simple des travaux miniers : comblement des fosses, des puits, effondrement des entrées de galerie, ... Quelques sites, jugés dignes d'intérêts archéologiques, ont cependant été conservés. Toutefois, l'accès aux cavités ou aux galeries a été rendu impossible par la création d'un mur en béton ... d'un mètre d'épaisseur, armé avec des barres pouvant atteindre 20 mm de diamètre...



    La Cauna de Mathieu Rieu (nom attribué par Gauthier Langlois, suite à ses recherches)

    rieuCette cavité située au bord d'un ancien chemin, ressemblant aujourdhui à une petite grotte d'une quinzaine de mètres de long, a été utilisée au XVIIème comme bergerie par un berger nommé Mathieu Rieu. Au devant du porche d'entrée, il y avait un toit en tuile. Cette grotte est néanmoins un réel site minier, consistant en une poche de minerai d'une vingtaine de mètres de longeur, exploité en partie à ciel ouvert. Les travaux de Monsieur Gauthier Langlois ont permis de retrouver des tessons pouvant dater du Vème ou VIème siècle.
     
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    La mine 'noyée', le Caraillet ?

    mine noyéeLas Coupes est un mamelon situé entre le bas du Pech de Guillaumet, à la ruine de Sauvère, et la colline de SerreMijane. Plusieurs sites portaient des noms comme Borde-Vieille, le Dauphin, Salimon, le Grand-Minier. La mine noyée, peut-être improprement appelée le Caraillet, se trouve au pied du Grand-Minier, dans le ruisseau. Deux cavités démarrent en descendant, l'une vers l'Ouest, l'autre vers l'Est. Celle à l'Ouest est quasiment toujours pleine d'eau, d'où le nom de mine noyée. Celle à l'Est possède des périodes séches. En 1785, Mr Varnier, constructeur de la forge de Quillan, semble avoir exploité le filon pour alimenter cette forge. L'ingénieur des mines Brochin, au début du XIXème, en parle ainsi (rapporté par G. Langlois) :
    "La montagne de Las Coupes, séparée au Sud de celle de Serremijanes par un ruisseau est réputée riche en mine de fer et c'est avec raison ; Mr de Varnier y a exploité à peu près seul ; l'exploitation principale appelée le Grand Minier a été poussée à une assez grande profondeur vers la base de la montagne sur le revers opposé Nord; cette exploitation que je n'ai pu voir, passe pour avoir été une des plus considérables du pays ; le minerai en était considéré comme le meilleur et le plus facile à traiter de l'arrondissement ; l'affluence des eaux a occasionné l'abandon de cette minière..."
    bas mine noyéegalerie mine noyée
     
    Comme très souvent, l'exploitation est partie d'une ou plusieurs cavités naturelles dans lesquelles des travaux de recherches, par percement de galerie, ont permis de suivre, ou de retrouver, le filon en donnant accès à d'autres cavités. L'ensemble de ces vides souterrains sont issus à la fois du travail de la nature et du travail de l'homme. Le Grand-Minier (voir ci-dessous) communique très certainement avec ces travaux situés à sa base.

    Le Grand-Minier

    grand minerL' ingénieur Brochin en parlant du Grand-Minier ne parlait pas de la mine qui vient d'être décrite. Il parlait des travaux, en grande partie à ciel ouvert, qui se trouvent juste au-dessus. Ils constituent une "minière". Un barrenc, étroit et d'une grande longueur, balafre la colline de Las Coupes dans le sens Est-Ouest, depuis le haut de la mine noyée jusqu'au sommet, en débouchant sur l'autre versant dirigé vers Serremijane. L'endroit est surprenant, d'une rare beauté. Des parties sont encore couvertes par la roche, formant ainsi des arches naturelles, et sont probablement le siège de vestiges très anciens d'occupation humaine. Le rapport initial du BRGM, pour l'étude de la mise en sécurité de la concession, préconisait un dynamitage conséquent du site pour le sécuriser. Il est très dangereux, les falaises sont souvent invisibles, couvertes par la végétation. Toutefois l'intervention de la DRAC (Direction Régionale de Affaires Culturelles) a interdit de détruire le site par intérêt archéologique. Tout le long du barrenc on voit des amorces de recherche de minerai sous forme de départ de galerie. L'endroit est très certainement truffé de cavités en tous genres, inexplorées à ce jour.
    grand minier 2grand minier 3

    La cauna d'Azalbert ?

    cauna azalbert galerieEnfin pour terminer ce survol des mines du plateau de Lacamp, voici une mine inédite.
    Une étude, de mise en sécurité de certains sites non effectuée en 2001, est en cours de réalisation. Elle a permis de retouver une cavité démarrant à flan de colline par un orifice de 4 m de large sur 15 à 20 m de long et pénétrant verticalement à une profondeur d'au moins 100 m. A mi-chemin, un travers-banc a été creusé qui démarre au niveau du lit du ruisseau et rejoint une cavité large, servant de départ à plusieurs galeries ou fosses naturelles se développant vers le bas. Cette cavité est le siège d'une nombreuse population de chauves souris. A ce propos, lors des travaux de mise en sécurité, certains sites, jugés utiles comme habitacles de certaines espèces, ont subit une obstruction par le mur de béton dans lequel des ouvertures, au niveau du sol (pour les rampants ou non volatiles) ou en hauteur (pour les autres), ont été pratiquées pour laisser le passage à la faune concernée.
    Le site découvert est encore un ensemble de fosses naturelles et de travaux faits de main d'homme destinés à exploiter au mieux le minerai s'y trouvant. Un galerie horizontale traverse à un endroit une cavité naturelle avec de surprenantes concrétions calcaires dues aux eaux de ruissellement. Pour quelques mètres, cette mine n'est pas située sur le territoire de la commune de Palairac mais celle de Villerouge-Termenès.
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    Mise en sécurité des Mines (ajout de février 2009)

    La mise en sécurité des mines de la concession orpheline de Serre-Mijane et Las Coupes est en voie d'achèvement.
    Une concession est dite orpheline quand, à l'issue du temps de concession, le titulaire a disparu, est défaillant ou inconnu. La compétence de l'Etat s'exerçant en pareil cas, celui-ci est seul maître des opérations qui s'inscrivent dans le cadre d'un programme du ministère de l'Industrie. C'est en 1997 qu'a débuté l'étude du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) pour la mise en sécurité , demandée par la DRIRE (Direction Régionale de l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement) Languedoc-Roussillon. Cette première étude s'est concrétisée en 2001 par des travaux sécurisant la majorité des endroits de la concession estimés dangereux.
    Ces travaux, destructeurs, reposent sur le foudroyage de l'entrée des galeries, le dynamitage des parements des fosses, l'utillisation du brise-roche et du bulldozer. Rappelons que quelques cavités, jugées d'intérêts archéologiques par la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) n'ont pas subi cette mise en sécurité destructrice mais ont reçu le mur de béton empêchant tout accès.
    La plupart des photos précédentes de cette page, réalisées au cours de l'étude complémentaire de 2008, concerne les quelques sites non mis en sécurité en 2001 et qui viennent de l'être, mais de manière différente.
    L'objectif était de traiter ces sites sans les détruire. Ils font bien évidemment partie des lieux protégés par avis de la DRAC. Les rares galeries à sécuriser ont reçu le traditionnel mur de béton. Les barrencs et entrées de fosse ont été garnis de filets métalliques à mailles de 25 cm x 25 cm et de 12 mmm d'épaisseur. Une entreprise spécialisée dans les travaux d'accès difficiles est intervenue compte tenu de l'aspect accidenté du terrain.
    Ces travaux sont évidemment beaucoup plus chers que ceux réalisés en 2001.
    Seul l'intérêt archéologique des sites a fait qu'ils ne soient pas purement et simplement détruits. Toutefois cette méthode à filet permettrait, en la généralisant à d'autres endroits, d'éviter de perdre des témoignages de notre histoire qui remontent parfois à l'Antiquité.
    Grand minier filetGrand minier entrée filetautre cavité
    Cette mise en sécurité est cependant nécessaire vu le nombre de curieux qui cherche on ne sait quoi dans ces antiques lieux de travail. Une pépite d'or ? Une ancienne sépulture d'un personnage important ? L'entrée de l'Agartha ? Ce genre de découvertes, utopiques, n'existe pas à Palairac, ni ailleurs. Il est regrettable que beaucoup n'arrivent pas à discerner certaines légendes des réalités. Tant que tout cela reste sur un plan des idées, pas de problème. A partir du moment où on cherche des "preuves matérielles" le cap de l'inconscience est souvent dépassé, avec des risques non négligeables pour la santé. Non, il n'y a rien à "trouver" à Palairac (mot du Maire), si ce n'est, concernant les mines, la connaissance d'un patrimoine industriel millénaire dont la plupart des hommes politiques régionaux et nationaux se soucient bien peu, et, éventuellement, l'expression d'une philosophie très ancienne issue du travail des métaux.